Ce mardi 28 février 2023 après-midi, au collège Boris Vian de Talant, l’émotion était vive et bien réelle. L’admiration, la fascination aussi.
Quel souvenir à la fois précieux et riche d’humanité restera en chacun de ceux qui ont écouté dans un silence respectueux Monsieur Henri Mosson, presque centenaire, parler de l’épisode traumatisant de sa vie pendant la seconde guerre mondiale, alors qu’il n’avait que 17 ans !
Quelle mémoire intacte garde-t-il encore de ces funestes années qui ont ébranlé sa vie de jeune homme !
Dans le film documentaire proposé tant aux élèves qu’aux membres adhérents de l’Amopa 21, il dit à peu près ces mots : « un individu n’a pas d’autre choix, ou il est soumis, ou il est résistant ». A 17 ans, avec d’autres de ces amis adolescents, Henri Mosson a choisi : résister. Le risque était grand. L’entreprise dangereuse. La vie de chacun pouvait rapidement basculer.
En mai 1943, il fut le dernier du groupe à être arrêté. Henri Mosson, alias Raoul Desbois, connut alors les geôles tristement célèbres de la Gestapo dans un immeuble encore visible au 9 de la rue du Docteur Chaussier à Dijon.
Pour détention d’armes de guerre, malgré son jeune âge, il fut condamné à mort le 29 juin 1943. De ne pas avoir trahi ses compagnons, malgré les tortures infligées, n’avait fait qu’appuyer la sentence. Une sentence qui, par bonheur ou par chance, a été suspendue : peut-être une révision clémente de sa condamnation due à la lettre que sa mère avait adressée au chef de l’État français de l’époque, un certain maréchal Pétain…
En novembre 1943, il est alors déporté sous le numéro d’immatriculation NN 62-90 et interné au camp de concentration nazi de Natzweiler-Struthof implanté sur le territoire de l’Alsace annexée. Les charges retenues contre lui en faisaient une victime du décret Keitel de 1941 « Nacht und Nebel » (NN), ordonnant la déportation de tous les opposants ou ennemis du Troisième Reich.
Identifié par un triangle d’étoffe rouge (résistant) et marqué des lettres « NN » dans le dos, Henri Mosson a survécu aux horreurs de la barbarie nazie. Avec toujours, au quotidien, la présence envahissante de la mort qui rôde… (chambre à gaz, potence, four crématoire).
Il a pu supporter les conditions inhumaines des travaux forcés en allant chercher, au plus profond de lui, ainsi qu’il l’a ressenti, ces « forces intérieures insoupçonnées » qu’il ignorait jusque-là.
Il fut libéré en avril 1945 par l’armée américaine. Il avait 21 ans.
Une tragédie personnelle que Monsieur Mosson a rapportée avec simplicité et humanité en réponse aux questions du jeune auditoire intimidé des élèves de 3ème, avec le souci toujours constant du détail matériel, avec toujours le devoir de donner du sens à ses actes passés.
C’est avec fierté et honneur que la jeunesse présente se doit d’apprécier d’avoir rencontré un de nos derniers témoins de l’histoire, de notre Histoire.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1964, distingué très récemment Commandeur dans l’Ordre des Palmes académiques dans le cadre d’une promotion exceptionnelle pour son engagement remarqué auprès des jeunes générations des établissements scolaires, par devoir de mémoire, Henri Mosson, infatigable passeur de notre Histoire, continue à témoigner…
Déroulé du programme de l’après-midi du mardi 28 février 2023
- Projection à l’intention des membres adhérents de l’AMOPA 21 du film documentaire « Henri Mosson, alias Raoul Desbois, NN 62-90 » réalisé par Jean-Marc Bordet.
- Témoignage de Monsieur Henri Mosson de sa vie de résistant et de déporté auprès des élèves de 3ème du collège Boris Vian de Talant.
secrétaire générale du comité de parrainage
du concours national de la résistance et de la déportation.
vice-présidente de la section Amopa de Côte d’Or.
à répondre aux questions des élèves de 3ème.
- Autour du verre de l’amitié.
M. Demonfaucon, président de l’Amopa 21.
La section de l’AMOPA 21, à l’initiative de cet événement, par son président Monsieur Daniel Demonfaucon, remercie :
- Monsieur Patrick Declume, principal du collège Boris Vian de Talant ainsi que les enseignants présents et agents de l’établissement pour leur accueil, la qualité de l’organisation et de la préparation matérielle ;
- Madame Françoise Elloy, secrétaire générale du comité de parrainage du concours national de la résistance et de la déportation, pour son soutien et la mise à disposition du film ;
- Monsieur Gérard Mosson, fils de Monsieur Henri Mosson, pour son accompagnement ;
- Monsieur Fabien Ruinet, maire de Talant, pour son concours et le soutien logistique de la Ville.
Texte et photos : Bruno Manzoni – 5 mars 2023
De la Préfecture de la région BFC et de Côte-d’Or
Rencontre avec Henri Mosson et Marcel Suillerot, deux des trois derniers résistants-déportés de Côte-d’Or (mars 2023).